Face aux acouphènes, faut-il fuir ou combattre ? Arrivé à ce stade, ce n’est pas toujours aussi facile que cela. Comprendre ce qu’il se passe dans notre corps est une étape importante pour pouvoir ensuite agir à bon escient. Découvrez comment un mécanisme instinctif incroyable, nécessaire à notre survie et à notre évolution, peut nous jouer des tours et comment y remédier.
Fuir ou Combattre les acouphènes ?
Alors aujourd’hui qu’est-ce que vous faites ? Vous combattez vos acouphènes ? Ou bien vous les fuyez ? Quand on se sent menacé physiquement ou psychologiquement, notre corps enclenche une réaction ancestrale qui nous pousse à l’action en cas d’urgence. Cela se produit face à un danger perçu ou un danger réel qui sont très différents comme nous allons le voir.
Danger réel
Le danger réel signifie qu’il existe bel et bien une menace pour la vie ou la santé. Par exemple, ce peut être lorsque vous êtes en vacances, que vous nagez tranquillement au bord des côtes australiennes et que vous apercevez un aileron de requin au large, pas si loin de vous et de votre famille. Le danger est bien réel et vous remerciez vos ancêtres pour les réactions qui vont se produire dans votre corps pour faire face à la menace.
Activation des systèmes limbique & autonome
Il va y avoir activation de votre système limbique et de votre système nerveux autonome, engendrant une augmentation de la pression sanguine, de la fréquence cardiaque, de la fréquence respiratoire, etc. Tout cela dans le but de se préparer à l’action : fuir ou combattre. Les pensées défilent et nous avons tendance à considérer le pire scénario possible.
Une réaction pourtant utile, parfois…
Grâce à ce qu’il se passe dans votre corps à ce moment-là, vous rejoignez rapidement la côte sain et sauf et décidez plutôt de passer le reste de la journée à vous reposer, allongé au soleil.
Me direz-vous, pourquoi parle-t-on de tout ça puisque nous ne rencontrons presque jamais ce genre de danger dans notre vie ?
Danger perçu
Eh bien simplement parce que ces réactions dans notre corps peuvent se reproduire face à des menaces perçues, sans qu’il n’y ait de réel danger. Imaginez que l’aileron de requin ait été confondu avec celui d’un poisson-lune inoffensif, votre corps aurait eu la même réaction.
Une réaction souvent inadaptée
Et donc quel rapport avec les acouphènes ? Eh bien dans notre monde moderne, nous n’avons peut-être plus autant de dangers réels qu’avant, mais notre corps possède exactement les mêmes réactions face aux menaces qu’il perçoit. Et la réaction n’est donc pas du tout adaptée.
Notre cerveau traite les signaux en permanence
Notre cerveau trie les signaux par ordre d’importance et donne la priorité à ceux qui sont les plus importants. Parmi les différents signaux, une importance particulièrement haute est accordée à ceux qui remplissent une ou plusieurs des 3 conditions suivantes :
- Ils sont nouveaux
- Ils sont associés à des situations émotionnelles ou désagréables
- Ils représentent une menace pour la vie ou la santé
Malheureusement pour nous, dans la majorité des cas, les acouphènes répondent à au moins une de ces conditions. C’est pourquoi nous focalisons notre attention sur nos acouphènes.
Il y a par conséquent activation du système limbique et du système nerveux autonome. Et il faut savoir que le degré de gêne de nos acouphènes est lié à ces activations.
Que faire face aux acouphènes : fuir ou combattre ?
Pas de bonne réponse à une mauvaise question
Alors faut-il fuir ou combattre ? Vous l’aurez compris, il n’y a pas de bonne réponse entre les 2 choix possibles de cette question que je vous ai posée au départ. La bonne réponse, c’est qu’il faut sortir du cadre et justement arriver à un point où l’on ne se pose plus cette question, où notre corps ne se pose plus cette question. Quand la réponse combat-fuite apparaît, il est déjà trop tard.
Comment en est-on arrivés jusque là ?
Un signal nouveau mal étiqueté
Alors comment en sommes-nous arrivés-là ? Eh bien quand l’acouphène était un signal nouveau, nous l’avons bien souvent associé avec des émotions négatives. Nous n’avions pas d’informations sur la cause et nous avons pu imaginer tout et n’importe quoi. Par exemple, nous avons peut-être eu peur d’avoir une dégradation de l’audition, une tumeur au cerveau, un vaisseau sanguin éclaté dans le cerveau, des problèmes psychologiques, etc.
Un signal persistant selon l’étiquette de départ
Par la suite, nous n’avons pas forcément trouvé une aide efficace et avons rencontré quelques professionnels de santé qui nous ont affirmés que l’on ne savait pas d’où ça venait et que de toute façon on ne pouvait rien faire. Ce qui a renforcé nos croyances et nos préoccupations à propos de ce bruit étrange dans nos oreilles.
Un cercle vicieux qui s’installe
Et quand nous étiquetons les acouphènes comme quelque chose de mauvais ou négatif, il y a augmentation de l’activation de notre système limbique et notre système nerveux autonome. Les acouphènes sont qualifiés par le cerveau comme étant la chose la plus importante à laquelle il doit porter attention. Ils prennent donc de plus en plus de place dans notre champ de conscience, ce qui engendre une gêne encore plus importante.
Acouphènes : une histoire de priorité
Lorsque nous nagions le long de la côte australienne, nous entendions nos acouphènes tout particulièrement forts. Mais quand nous avons aperçu l’aileron de requin, ce signal a pris le dessus et il avait donc la priorité par rapport aux acouphènes. Nous avons porté beaucoup plus d’attention à l’aileron de requin et aux moyens de se sortir de cette situation difficile qu’à nos acouphènes, qui étaient alors négligeables face au danger du requin. Nous n’avons aucun souvenir d’avoir entendu nos acouphènes pendant ce moment de panique avant d’avoir regagné la plage. C’est bien que notre corps a la capacité de filtrer le signal des acouphènes.
Notre cerveau : un organe aux capacités exceptionnelles
Ce qu’il y a d’intéressant là-dedans, c’est que ça montre bien que notre cerveau a cette capacité de filtrer ce qui n’est relativement pas important. Et donc si l’on utilise ces capacités de filtrage de la bonne manière, nous parvenons petit à petit à l’habituation. Le but étant de réentraîner notre corps pour que les acouphènes n’activent plus ces réactions des systèmes limbique et nerveux autonome. Alors comment y remédier et amorcer ce processus d’habituation ? 3 conseils pourraient vous être utiles :
- Prenez conscience et notez ce que vous ressentez physiquement ou psychologiquement, mettez des mots là-dessus et écrivez-les.
- Pour vous calmer, tentez de respirer lentement et faites en sorte que l’expiration dure plus longtemps que l’inspiration.
- Pratiquez des activités physiques pour vous relâcher et de diminuer le stress.
Attention à cette réponse fuir ou combattre face aux acouphènes
Sachez que même si à court terme la réponse fuir ou combattre peut vous sauver la vie, sur le long terme, des activations trop rapprochées peuvent engendrer des dommages et nuire à votre santé.
Pour ce qui est des requins, ne vous inquiétez pas, nous avons plus de risques de mourir en glissant dans notre baignoire qu’en étant mordu par un requin.
Vos acouphènes : requins ou poisson-lune ?
Votre expérience et votre point de vue nous intéressent tous : Est-ce que vous percevez vos acouphènes comme des requins ? Ou bien avez-vous déjà appris à les percevoir comme des poisson-lune ? Si oui, qu’avez-vous fait pour modifier la manière dont votre corps perçoit les acouphènes ? Ecrivez tout ça en commentaires !
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